Recueil de Plumes
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 Le tsunami terrible!

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Hyneige

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Messages : 5
Date d'inscription : 18/01/2015

Le tsunami terrible! Empty
MessageSujet: Le tsunami terrible!   Le tsunami terrible! I_icon40Ven 23 Jan 2015 - 2:10

Le Tsunami terrible!


Quand la terre tremble.

CRĀĀĀCK! BRRRR! KRRRK!
Un bruit sourd qui surgit de la terre même.
CRĀĀĀCK! BRRRR! KRRRK!
Grugeant les hommes jusqu'aux os en cet aprème.


Les enfers ont ouvert les portes rougeoyantes
De leurs fournaises aux remugles sulfureux.
Toute la terre tremble et remue palpitante
Jusqu'aux profondeurs de ses soubassements ferreux.

Un horrible craquement qui ébranle la terre.
Peut-être une saillie souterraine entre des dieux?
L'onde de choc, qui se propage en mille lieux,
Secoue le roc sur ce quart d'hémisphère.

Des usines qui crachent le feu vers les nues,
L'onde serpent se faufile un peu plus vite.
La terre bouge sous les grands gratte-ciel qui s'agitent
Comme les doigts de la main qui envoie un salut.

Là en dessous, il y a cette alchimie secrète
Que la colère inconsciente des dieux secrète.
Les dés du hasard et du destin sont lancés
Et les monstres du néant peuvent s'élancer.

Agitant une fois de plus la Lance céleste,
Izanami et Izanagi se détestent
Et manigancent méchamment du tremblement
De terre au tsunami serpent, l'accouplement.

Au fond de la mer une très grande avalanche.
Les esprits des Aïnous dans la mer balayés
Et les heikegani des Taira guerriers
Voient l'opportunité de prendre leur revanche.



La grande vague arrive.

TŌŌŌT! TŌŌŌT! TŌŌŌT! TŌŌŌT!
La sirène surprise lance sa complainte.
TŌŌŌT! TŌŌŌT! TŌŌŌT! TŌŌŌT!
De la mort qui arrive, une longue plainte.

Les  anciens ne nous avaient-ils pas avertis
De la colère insensée de ces dieux célestes :
De la terre qu'ils ébranlent de leurs cris,
De la mer dont ils agitent les vagues.

Kashima a-t-il relâché son attention?
Le poisson-chat géant Ōnamazu rapide
En aurait-il profité pour s'enfuir perfide
Et causer du séisme l'abomination?

Jōmon, Yayoi, les civilisations anciennes,
Combien de fois ont-ils vécus des cas pareils
Où Amaterasu, la déesse Soleil,
Laisse aller ces Forces terribles souterraines.

Susanoo, dieu de la mer et des tempêtes
Se livre encore à ses offenses à tâtons.
Cette fois-ci personne pour vaincre le dragon
Yamata-no-Orochi, avec ses huit têtes.

La vague qui s'en vient sur le vaste océan
En un long, si long, très long ruban de néant
Qui de son trait, un nouvel horizon dessine,
Seul avertissement de sa visée assassine.

Est-ce une déesse qui a fait mousser la mer
Pour une cérémonie d'un thé doux et amer?
Ou des profondeurs, le grand requin Isonade
Qui remonte avaler les bateaux dans les rades?

Quelque part au bout du rond de ce monde trop plat,
Un papillon a dû, dérangé par un pas,
Secouer, sans aucun doute par inadvertance,
Un peu trop fort de ses ailes la quintessence.

La grande vague déferle.

TŌŌŌT! TŌŌŌT! TŌŌŌT! TŌŌŌT!
La sirène désormais en vain, toujours hurle.
TŌŌŌT! TŌŌŌT! TŌŌŌT! TŌŌŌT!
Les dés sont jetés en une noire blessure.

La beauté funeste d'une mariée en noir,
Aux longues ailes blanches d'écumes si tranchantes,
Déroulant de son voile la traîne béante
Aux dentelles à franges d'un géant hachoir.

La grande vague de Kanawaga ressurgit
En vraies masses monstrueuses qui déferlent
En enfer de fureur, de fléaux, d'énergie,
Une voile noire que sur nous les dieux ferlent.

Et la vague élargit inlassablement
Sa lame sans fin qui se noircit de sa haine.
Un si grand rouleau qui écrase lourdement
Toute chose qui peut exister dans cette plaine.

Les grandes vagues font la file pour saccager.
L'enfer est d'un instant suspendu dans le vide.
Le chaos n'est qu'un peu de néant à ranger.
Un fleuve irrité à rebrousse poil se ride.


Ainsi donc, la grande vague à Kanawaga
Sortait finalement de son dessin, de ses lignes,
Et abattait infiniment son oméga
En grondements sourds de tonnerres curvilignes.

La vague avance, franchit les risibles murs.
Elle pousse tout devant en un rampant reptile,
Laissant parfois des squelettes comme des îles.
Elle bitume son vide d'un limon obscur.

La vague à Minami Sanriku, de ses griffes,
Grave creux tout le long de la côte sa glyphe.
La mer envahit tout d'un maelström de succions.
Kesennuma n'est plus que mort, désolation.



La vague qui s'étire encore.

SHĪĪĪH! SHĪĪĪH! SHĪĪĪH!
La vague qui s'étire un peu plus de sa langue
Comme si elle n'avait pas assez joui dans sa fangue.
SHĪĪĪH! SHĪĪĪH! SHĪĪĪH!

Que peut-il naître du mariage de l'immonde,
Venu du fin fond des entrailles de ce monde,
Avec le désastre qui accable ces humains :
Un gigantesque jeu de pinball inhumain,

Où des bateaux naviguent des rues en oblique,
Ricochant aux maisons qu'ils emportent souvent.
Un vaste terrain de jeu pour ces dieux sadiques
Pour qui nous sommes quelques poussières au vent.

Le petit bébé est emporté comme plume,
Loin de ce monde qu'il n'a même pas encore appris.
Tous ces gens dont le courant emporte la vie,
Savent-ils qu'ils ne seront plus qu'un peu d'écume?

Quand le dieu des mers, Ryujin le tout puissant,
Dresse serpent, la force du courant en laisse,
Monter sur les toits et attendre impuissants
D'être emportés ou qu'enfin le niveau d'eau baisse.

Est-ce un tatsu ou un mille-pattes du néant,
Qui hante les entrailles noires de la houle
Ou le serpent vengeur bachi hebi qui roule
Et se mord la queue en ouroboros géant?




Le temps suspendu du désastre.

Kachikachi! Kachikachi! Kachikachi!
Le temps suspendu ne mesure plus ses heures.
Kachikachi! Kachikachi! Kachikachi!
Et la noirceur qui vient n'est peut être qu'un leurre.

Déluge hallucinant :
¨C'est comme ça maintenant¨
Quand les digues trahissent
Et deviennent complices.

À Shishiori, le pays est avalé
Par la gueule béante de la bête immonde
Qui rampe boueuse à ras le sol et qui gronde
Et le feu consume les débris emmêlés.

Un train serpente et file le long du rivage,
La vague l'emporte comme un collier de fleurs.
Un écolier réfugié au troisième étage
Qui voit les corps au deuxième, retient son cœur.

Le grand balancier de la vie, de la non vie,
S'est noyé sous la mer de ces larmes énormes
Venues des ces abysses profondes et sombres
Où se sont réveillées les entités honnis.

Les autos fuient linéaires, respectueuses,
Sur la route et l'aiguille du temps tueuse
Les enfilent une à une en sombres bouliers
De métal tordu, abandonnés, balayés.


Puis la vague se retire.

SLēūSH! SLēūSH!  SLēūSH!
Ayant tout ravagé, la vague se retire.
SLēūSH! SLēūSH!  SLēūSH!
En immenses tourbillons d'absurde délire.

Une petite poupée a sa face dans la vase,
Comme pour une enfant, l'évocation d'un adieu,
Et cette honte infâme de merde pour les dieux,
Assassins des enfants et bébés qu'ils écrasent.

Des enfants qui dansaient,
Leurs corps sous les flots roulent.
Tous ces débris effraient
Et sur leur dos s'écroulent.

La boue a sali le grand sablier du temps
Et les rêves noyés dans la tête d'enfants.
Les dieux clowns, de tous ces malheurs, un peu s'amusent,
Considérant tout  ça avec dédain et ruse.

Les âmes des enfants
Emportées sur la houle,
Pétales en rose et blanc
De cerisiers qui croulent.
.

L'après déluge.

BiiBO! BiiBO! BiiBO! BiiBO!
Le monde regarde en direct le grand déluge.
BiiBO! BiiBO! BiiBO! BiiBO!
Cette terre habitée que le tsunami gruge.

Le soleil levant ne fait plus danser ses rais
Sur la ligne d'horizon désormais incertaine.
Même la lune là-haut se cache et s'effraie.
La neige seule cache un peu cette géhenne.

À Minami et  à Rikuzen-Takata
Qu'une terre fantôme post-apocalyptique.
À Natori, à Sendai et Kanesuka,
Qu'une grande étendue boueuse cadavérique.

Où était le gardien des maisons, Inari,
Pour qu'il ne puisse annoncer le danger d'avance?
Pourquoi de Zashiki Warashi ce silence?
Quel message, Koropokkuru, sous les fuki?

Est-ce qu'ils ont pu s'envoler tous ces petits anges,
Avant d'être entraînés sous ce magma étrange?
La nuit il y a sur l'eau comme de faibles lueurs :
Les voix tremblantes des âmes et de leur peur.

Puisse notre prière descendre
En un grand drap de neige tendre
Pour les vivant réconfortant
Et pour tous les morts apaisant.

Dans les cerisiers, il y a les fleurs qui frissonnent
Au souvenir des disparus jamais revenus.
J'entends de l'éternité le gong qui résonne.
Pleurez donc ce printemps jamais venu!

DŌŌŌNG! DŌŌŌNG! DŌŌŌNG!  
DŌŌŌNG! DŌŌŌNG! DŌŌŌNG!
DŌŌŌNG! DŌŌŌNG! DŌŌŌNG!
DŌŌŌNG! DŌŌŌNG! DŌŌŌNG!
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