Recueil de Plumes
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  Lopéïza : La quête de l'orbe

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Myeko
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MessageSujet: Lopéïza : La quête de l'orbe    Lopéïza : La quête de l'orbe I_icon40Sam 17 Jan 2015 - 14:26

Commentaires ici Merci.


La nuit était tombée depuis bien longtemps, une nuit noire sans lune. On distinguait à peine la silhouette voûtée qui avançait dans la ruelle sombre. Elle s'arrêta devant une auberge. "Au Renard blanc" lu l’inconnu, sur l’enseigne balayée par le vent fort de ce soir. Ici il trouverait ce qu'il cherchait. L'homme posa la main sur la poignée, un sourire énigmatique sur le visage.

Chapitre 1
Un vieillard

Image:





.              A l'intérieur, c'était bien différent, l'auberge n'était pas grande mais Morgane et sa fille Estelle faisaient tout pour rendre l'endroit convivial. Il n'y avait que quatre tables dans la salle et l'étage était consacré aux chambres. Toutes les tables étaient occupées par des aventuriers, des mercenaires à la recherche d'une quelconque quête qui pourrait faire leur fortune. Et dans le lot, un étrange couple était attablé près de la cheminée. Lui : droit sur son tabouret, une cape couvrant en partie la cuirasse étincelante d'une armure et un foulard voilant son visage, seuls deux yeux jaunes perçaient dans l'ombre de la capuche rabattue sur sa tête. Face à lui, une jeune femme, la tête posée sur ses mains, les coudes appuyés sur la table, son regard améthyste fixait l'homme comme cherchant à percer le mystère de ce puits sombre qui était son visage.

— Allez dis-moi au moins ton nom !

Elle prenait un ton léger, presque amusé. Devant eux, deux pintes de cervoise pleines, elle but une gorgée de la sienne sans quitter son compagnon du regard. Un sourire malicieux éclaira son visage signe d'une idée qui lui traversait l'esprit.

— Ou alors, je t'en trouve un ! Que penses-tu de…
Elle fit mine de réfléchir un instant avant de continuer sur un ton provocateur.

— Robert ?

Elle espérait le faire réagir, lui soutirer la moindre petite information mais il restait de marbre. Parfois elle se demandait même si il la comprenait. La femme poussa un profond soupir et vida la moitié de sa cervoise d'un trait puis reprit son observation. Pourquoi donc n'arrivait-elle pas à voir sous la capuche, et ce, même en plein jour. Cela faisait maintenant deux semaines qu'ils voyageaient ensemble et elle n'avait même pas réussi à lui faire avouer son nom. Cet homme restait un mystère, néanmoins dans cette région reculée, il valait mieux voyager accompagné. Et si au début, seule la curiosité l'avait poussée à le suivre, maintenant elle savait pouvoir compter sur lui. Et puis, il payait la boisson et la chambre. Elle n'allait pas s'en priver. Machinalement, elle resserra le lien de ses longs cheveux blancs. Un étrange sourire provocateur se dessina sur ses lèvres carmin.

— Ou Martine ?

Toujours aussi stoïque, le guerrier ne bougea pas, ou presque pas. Sa main droite s'extirpa de la cape pour s'emparer de l'anse de sa pinte. La jeune femme se redressa un peu, son sourire s'élargit.

— Il va bien falloir que tu l'enlèves, ton foulard, pour boire. ajouta-t-elle, sûre d'elle.

Elle ne se faisait guère d'illusion pourtant. En deux semaines, elle ne l'avait jamais surpris, ni en train de boire, ni de manger. Il s'arrangeait toujours pour le faire lorsqu'elle avait le dos tourné. Mais cette fois, il n'aurait pas d'échappatoire. Elle y veillerait.


Ce fut à ce moment que la porte s'ouvrit avec fracas. Tous semblaient surpris et prompts à saisir leurs armes. Dans ce monde, il valait mieux se montrer très prudent, il n'était pas rare de faire de mauvaises rencontres, même en plein milieu d'un village apparemment paisible. Estelle en laissa tomber son plateau. Tous, ou presque, furent réactifs à l'arrivé d'un simple vieillard dans l'auberge. Durant un instant, il n'y eut plus le moindre bruit dans la salle. Puis peu à peu, les clients se rassirent, et reprirent leur conversation comme si de rien n'était, ignorant l'appel au secours de l’inconnu.
Dans ces terres reculées et dangereuses, il était rare d'obtenir un soutien ainsi. Les aventuriers n'avaient rien d'altruistes. Pour obtenir une quelconque aide, il fallait avoir les moyens de s'offrir les services de mercenaires. La jeune femme aux cheveux blancs lâcha la garde de son épée en poussant un soupir de soulagement. Comme les autres, elle avait réagi, conditionnée par l'habitude des combats. Tout en elle montrait qu'elle n'était pas une débutante. Que ce soit la large épée reposant sur son flanc droit, que la fine cicatrice en forme de croix qui ornait sa cuisse.
Ce fut le bruit mat d'un verre que l'on pose sur la table qui ramena son attention sur son compagnon. Il avait toujours la main sur l'anse, comme s'il n'avait jamais bougé, mais la pinte était vide. Elle le regarda d'un air dépité, mi-surpris, mi-déçu. Sur le moment, elle aurait bien crié sa frustration, mais au lieu de cela, elle poussa un soupir et se réinstalla confortablement.

— C'est pas grave tu n'as qu'à recommander à boire. Je finirai bien par savoir ! dit-elle d'un ton détaché dissimulant son insatisfaction.


Elle aurait juré le voir sourire sous sa capuche, ou bien était-ce son imagination qui lui jouait des tours. Elle le vit lever la main, comme pour accéder à sa requête mais le vieillard le prit comme une invitation. Ce dernier s'approcha d'eux avec un sourire édenté. Elle n'eut aucune réaction, au fond d'elle-même, elle doutait que son geste ne fut que simple commande de boisson.

— Installe-toi Grand Père, Hector offre sa tournée ! lança-t-elle en désignant son compagnon. Je m'appelle Elwynn et toi ?
— Merci, Nobles Seigneurs !

Le visage ridé sembla s'éclairer en un instant avant de replonger dans le masque de l'inquiétude. Il s'assit sur le tabouret tandis qu'Estelle leur apportait trois nouvelles pintes. Le vieil homme ne tarda pas à prendre ses aises et rapidement, il leur conta son histoire.

Son village avait été assailli par des pillards, il était parvenu à s'enfuir cette nuit et cherchait de l'aide pour libérer ses voisins et surtout sa fille. La jeune aventurière n'était pas dupe ce genre d'histoire, elle l'avait entendue des centaines de fois et il était difficile de trouver de l'aide. A moins que le village soit assez riche et promette une forte récompense, ce pauvre vieux n'avait pas la moindre chance de trouver un soutien.

— Elle est ma seule famille, je vous en prie aidez-moi à la retrouver !

Elwynn nota des sanglots dans sa voix. Cet homme était en proie au désespoir, pour s'adresser ainsi à de parfaits inconnus. Malgré les apparences, elle n'y était pas insensible. Mais avant qu'elle n'ait le temps de dire quoi que ce soit, son compagnon posa une unique question. Et celle-ci démontrait qu'il était déjà déterminé à y aller.

— Où est ce village ?

Il parlait si rarement que chaque fois, elle se retrouvait surprise. Elle se retint de faire une remarque désobligeante et écouta la réponse du vieux.

— À dix lieux sur le chemin des terres Do'ros. J'ai de quoi vous payer !

Il posa une lourde bourse sur la table. La jeune femme afficha un sourire ravi. Même sans cela elle y serait allée, mais pourquoi ne pas en profiter s'il offrait une récompense.

— Quand est-ce qu'on part ? demanda-t-elle soudain ravie de se plonger dans une nouvelle aventure.


Dernière édition par Myeko le Jeu 29 Jan 2015 - 9:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lopéïza : La quête de l'orbe    Lopéïza : La quête de l'orbe I_icon40Mer 28 Jan 2015 - 9:29

Chapitre 2
Cendre Neige

illustration de Sephyra:



Ils partirent dès le lendemain à travers les plaines de Lopeïza. Une contrée dangereuse, peuplée de créatures monstrueuses, une terre aux forêts profondes et sombres où les arbres aux dimensions vertigineuses semblaient veiller à ce qu'aucun intrus ne sorte vivant de ces lieux.
La distance les séparant du village fut vite parcourue. Mais ce qu'ils y trouvèrent était bien différent de ce qu'ils attendaient. Une pluie de cendres couvrait les ruines de ce qui avait été un paisible village. Il ne restait que des murs effondrés et des poutres calcinées. Le guerrier se pencha sur les ruines à l'entrée du village, découvrant quelques cheveux d'un blanc immaculé, les traces au sol, brouillées par de nombreux passages montraient pourtant très clairement qu'un enfant avait réussi à échapper au massacre.

— C'est drôle ! s'exclama soudain Elwynn avec un sourire ironique. Ce village n'a jamais aussi bien porté son nom ? Qu'en dis-tu Marcel ?

Un humour sarcastique pour un accueil morbide. Cendre Neige, village réputé pour ne jamais subir les neiges du tertiaire. Cette époque de l'année froide couvrait pourtant presque l'ensemble de la contrée. Pourtant ce furent bien des traces de neige qui déjà à s'évaporaient dans la chaleur de cette journée commençante que l'homme découvrit sur une poutre brûlée. Une fin ironique. Et parmi les cendres, les cadavres. Pas de quartier ! Femmes et enfants se mêlaient aux corps des hommes qui avaient dû tenter de les défendre. Ils n'avaient eu aucune chance, massacrés. Il ne restait plus rien de ce petit village, trop proche des terres hostiles pour vivre en paix.

— Quelle odeur insupportable !

L'aventurière déambulait dans les ruines en se bouchant le nez, plus que l'odeur du sang, le relent gobelin irritait ses narines. Aucun humain n'était capable d'échapper à une horde de gobelins chasseurs ? Aucun humain normal et encore moins une enfant aussi jeune. Le guerrier commençait à se demander si leur mission était aussi simple que prévue. Il percevait au-delà des apparences, des difficultés plus grandes. Il se redressa surpris en entendant la voix de sa partenaire.

— Parle, misérable !
— Ah !! Pas faire de mal à Guizmo. Guizmo pas comme cousin chasseur !
— Je vais punir personnellement tes cousins pour leur crime, mais avant je vais peut-être commencer par toi si tu te montres désobligeant.

Elwynn avait découvert un petit gobelin, pas un de ceux qui avaient massacré ce village, un diablotin, un charognard qui d'ordinaire passait après les tueries pour ramasser ce qu'ils avaient oublié. Il n'était pas dangereux. Mais il pouvait leur indiquer ce qu'il s'était passé ici. Le guerrier laissa un instant les traces pour s'intéresser à la petite créature. Le diablotin à la peau verdâtre, tremblait de peur, fixant non pas la jeune femme mais le pointe de la lame immobilisée juste sur son nez crochu.

— Si tu nous conduis à tes cousins, je te donnerai le droit de dépouiller tous les mécréants qu'on étalera sur la route. Si tu refuses, je te tue de suite.
— Guizmo est d'accord ! s'empressa d'affirmer la créature à peine plus haute qu'un genou.
— Qu'il est mignon ! se moqua Elwynn en rangeant son épée. Tu vois, lui au moins, on a pas besoin de lui demander son nom ! N'est-ce pas Hubert?

Comme à son habitude, le guerrier ne releva pas le sarcasme. Cela l'amusait même qu'elle lui trouve des prénoms de cette manière. Il se disait qu'elle avait peu de chances de tomber juste.

Le village était presque en bordure de la forêt. Ils n'eurent qu'à traverser quelques champs pour voir apparaitre les premiers arbres gigantesques, progressant dans les branches assez larges pour soutenir une maison. La forêt était clairsemée et ils progressaient rapidement. Arrivés proche d'une clairière que la petite créature désignait, les deux compères se figèrent. En contrebas, trois êtres hideux discutaient dans la clairière à découvert. Des gobelins. Des créatures maléfiques, sournoises et se délectant de la mort qu'elles savaient semer avec méthode. Plus petit qu'un humain, la peau verte de leurs muscles saillants, à peine vêtus d'un pagne, le nez crochu et les yeux globuleux, ils étaient plus proches du prédateur sauvage que de l'être civilisé. Pourtant, ils étaient intelligents. Et largement ingénieux lorsqu'il fallait massacrer des humains. Partout où ils passaient, ils détruisaient. La nature les avait pourvus d'un membre décharné, laissant à nue une lame d'os effilée. Le regard améthyste d'Elwynn avait changé. Moins insensible que son sarcasme habituel ne le laissait paraître. Elle observait ces monstres se vanter de leurs trophées. Des oreilles humaines ornaient leur collier, certaines bien trop petites pour finir enfilées dans une cordelette. Elle s'avança vers eux, accompagnée des cendres que le vent portait jusque-là.

— Ça a l'air amusant ! Je peux me joindre à la fête ?

De nouveau ce ton ironique et provocateur mais sa voix était froide, avec ses longs cheveux blancs flottant au vent, elle était semblable à la mort elle-même venant réclamer vengeance. Les créatures se retournèrent vers elle, vers le petit diablotin caché derrière sa jambe. Une humaine seule, ils n'avaient rien à craindre. Du moins ils le croyaient.

— Guizmo ?! Traître, tu conduis ce loup à notre porte !
— Ne blâme pas ce pauvre Guizmo, vous empestez la pourriture à mille lieux ! gronda la jeune femme.

Lentement, avec un chuintement fin, la lame de son épée glissa hors de son fourreau. Elle les toisa, le regard sévère.

— Pitoyables créatures. Je suis Elwynn de Blanche Lys et je vais vous faire payer votre sauvagerie.

Elle n'était plus la jeune femme joviale et insouciante que le guerrier avait connue jusque-là mais il ne s'en étonna pas pour autant. Il avait bien deviné que derrière ce voile de sarcasmes, elle cachait une âme plus sensible. Et ce n'était pas la première fois qu'il la voyait combattre, il savait de quoi elle était capable. Elle n'aurait pas de peine avec trois gobelins, aussi il resta en arrière, perché dans un arbre à observer le combat et les alentours. Elwynn était téméraire et parfois irréfléchie. Il fallait bien couvrir ses arrières, ou peut être lui faisait-elle entièrement confiance ? Cette idée le séduisait.
La lutte fut rapide, la lame d'acier rencontra l'os dans un bruit sourd qui emplit la clairière, le premier monstre tombait déjà tandis que les deux autres maintenant sur leur garde appelaient leurs compagnons à l'aide. Le guerrier les avait déjà rapidement trouvés et maîtrisés. Quelques archers dissimulés dans les arbres n’attendaient surement qu'un ordre pour abattre la jeune femme d'une flèche dans le dos. C'était dans leur méthode. Elwynn continuait, violente, sans pitié, sa posture hostile et sauvage. Elle était cette louve blanche prête à bondir sur sa proie, à déchirer son cœur et son âme au nom de la vengeance. Le second gobelin tomba, elle arracha le collier d'oreilles et se retourna vers le dernier. Celui-ci ne voyant plus d'espoir de l'abattre prit la fuite. Aussitôt elle se lança à sa poursuite, mais le guerrier fut plus rapide. Une lame siffla et vint se ficher dans la cuisse du gobelin.

— Ça suffit le massacre de gobelin. Guizmo ne nous mènera pas plus loin.

Il leur fallait de nouvelles informations, le guerrier était bon pisteur mais il aurait du mal à retrouver rapidement cette enfant sans aide et il avait l'intime conviction que le temps leur était compté. Il s'approcha de la créature sans la moindre agressivité, un calme qui n'avait rien de rassurant. Sans la moindre douceur, il arracha l'arme faisant gicler un sang rougeâtre et nauséabond. La jeune femme ne tarda pas à le rejoindre, elle haussa les épaules d'un air dépité, fixant son compagnon.

— Quoi ? Tu me trouves pas assez diplomate ?

Elle semblait reprendre son air jovial et son insouciance habituelle. Le guerrier, accroupi devant le gobelin, ne releva pas la remarque immédiatement, il approcha sa dague pour la coller sous le menton protubérant de la créature.

— Je ne sais pas, mais lui en revanche, il a des choses à nous dire ! affirma-t-il avec un calme qui glaçait le sang.

De son côté, le petit diablotin, aux anges, commençait à détrousser ses malheureux cousins sans la moindre honte.
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MessageSujet: Re: Lopéïza : La quête de l'orbe    Lopéïza : La quête de l'orbe I_icon40Jeu 19 Fév 2015 - 15:18

Chapitre 3
Un mystérieux archer

illustration:



Le gobelin n'en menait pas large avec une lame effilée sous le menton. Et pourtant, il continuait de nier, s'empêtrant dans ses mensonges. Ce n'était pas un peuple très intelligent et dénouer la vérité n'aurait pas dû être si difficile. Malheureusement, celui-ci semblait têtu et refusait obstinément de les renseigner. Alors que le guerrier s'acharnait à lui extorquer des renseignements, Elwynn s'accroupit près d'un des cadavres. Elle fouilla le sac qu'il portait en bandoulière. A l'intérieur, il n'y avait pas grand-chose d'utile, quelques lys qu'elle garda et des bijoux qu'elle donna  au diablotin qui intrigué restait près d'elle. Elle le trouvait amusant, ces créatures étaient vraiment étranges et malgré les légendes qui couraient sur elles, Elwynn n'en avait pas peur.

— Toi aussi tu veux devenir riche ? Comme Guizmo ? demanda-t-il tout en l'observant attentivement.

Elle répondit d'un sourire avant de se replonger dans son labeur. Son attention fut rapidement attirée par le fond du sac. Il y avait un rouleau de parchemin fripé. La jeune femme le déplia curieuse, mais son enthousiasme retomba bien vite. Il était rédigé dans la langue des gobelins. Impossible à lire, du moins pour elle et son compagnon. Néanmoins, elle devinait assez aisément un ordre de mission. Elle tenait là peut être un nouveau moyen de pression sur leur prisonnier. Un coup d'œil et une oreille attentive lui apprirent que son allier n'avait toujours rien tiré du gobelin. Celui-ci s'empêtrait dans des mensonges mais il ne révélait rien d'intéressant pour la suite de leur quête. Elwynn n'avait jamais été très patiente et elle savait le temps compté pour l'enfant.

— Bon assez perdu de temps ! s'exclama-t-elle en approchant du prisonnier la main sur la garde de son épée.
Sans la moindre hésitation, elle posa le pied sur la plaie béante de la créature qui hurla. La jeune femme y mit tout son poids tandis que son compagnon se redressait et rengainait sa dague. L'aventurière déroula le parchemin sous le nez crochu.
— Où est-elle ?
— Je sais rien, gémit le gobelin qui tentait vainement de déplacer le pied.
— Et ça c'est quoi ? La liste des courses ? Inutile de mentir tout est écrit là dessus.
Un coup de bluff, c'était peut être réellement une liste mais elle devait tenter le coup et cela marcha. Soudain plus loquasse, le prisonnier leur avoua la destination de ses compagnons.
— Ok je parle !! La gosse s'est enfuie vers la forêt Do'ros.

Si l'homme en gris resta stoïque, Elwynn se redressa affichant clairement sa surprise et ses craintes. La forêt Do'ros marquait la fin du territoire des Terres Blanches. Au-delà, s'étendaient des lieux peuplés de créatures féroces, de monstres et de civilisations belliqueuses. C'était la zone la plus dangereuse qui soit. Une enfant perdue là-bas ? Elle n'avait que peu de chance de survie. Ils avaient donc bien moins de temps qu'ils ne l'espéraient. Ils devaient absolument la rattraper avant qu'elle ne s'y enfonce trop. Le gobelin, lancé dans ses déclarations, continua.

— Mes frères vont la rattraper, elle n'ira pas loin. On devait la livrer à Okras.

Elwynn fixa de nouveau son attention sur la créature ou plutôt sur son cou. Jusque là caché par son menton proéminent, elle aperçut une fine cordelette. Elle savait parfaitement ce qui se trouvait enfilé dessus, son visage se ferma, une colère grandissante voila son regard. La lame de son épée siffla hors de la gaine et de la pointe, elle tira sur le cordon. Des oreilles humaines minuscules. Des oreilles d'enfants. La plus grande ne dépassait pas trois centimètres. Ce monstre collectionnait les victimes les plus jeunes. La colère la submergea. La jeune femme dans un cri leva l'épée au dessus de sa tête la tenant à deux mains prête à l'abattre sur le monstre.

— Ordure ! Tu vas crever ! hurla-t-elle
Une main se posa doucement sur son bras, la freinant net dans son élant. Pourtant il n'y avait aucune insistance.
—  Tu n'es pas comme eux !

Une simple phrase qui la fit tressaillir. Il n'avait pas élevé la voix, son geste n'était même pas contraignant, mais la jeune femme sentit ses forces l'abandonner soudain. L'épée lui sembla terriblement lourde alors qu'elle la gardait encore levée au dessus du gobelin tremblant. La colère qui l'avait submergée fut remplacée par une tristesse incommensurable. Le tuer ne ramènerait pas ses victimes à la vie. Elle se sentait si impuissante.

— Tu as raison, je ne vais pas souiller ma lame avec ces cloportes, dit-elle en se détournant tandis que la lame regagnait son fourreau.

Comment réparer cette injustice ? Elle savait qu'il était bien trop tard pour sauver ses enfants.  Mais elle pouvait au moins leur offrir une sépulture descente et prier pour que Vita les accompagne sur le chemin de leur prochaine vie. La jeune femme s'éloigna, le collier d'oreilles à la main. Elle trouva près d'un chêne plusieurs fois centenaire un peu de terre meuble qu'elle creusa avec son épée. Elle y déposa le trophée du monstre, reboucha le trou et tout en adressant une courte prière à la déesse de la vie, déposa quelques fleurs sous l'œil attentif de Guizmo. Le pauvre petit diablotin ne comprenait grand-chose au désarroi de l'humaine. La mort, il la côtoyait sans cesse, elle l'accompagnait et en aucun cas elle ne l'effrayait ou l'attristait. Il se tourna vers l'homme avec un sourire. Bien sur la mort l'accompagnait aussi. Mais peut être ne s'en rendait elle pas compte. Il fouilla dans son sac et en sortit un collier de pierres précieuses qu'il déposa sur les fleurs.

— Jolies fleurs ? Joli collier !

Satisfait d'avoir réussi à imiter l'humaine, le diablotin s'en retourna à ses occupations habituelles : détrousser ses cousins. Le gobelin survivant libérait sa conscience, trop heureux d'avoir échappé à la mort de si peu. Pourtant lorsqu'il eut fini ses aveux et que les deux guerriers s'éloignèrent, il les interpella tétanisé de terreur.

— He me laissez pas ici ! Y'a des loups !

Il y avait bien pire que les loups ici, et blessé comme il était, il ne pourrait surement pas survivre longtemps. Pourtant cela ne sembla pas émouvoir Elwynn qui avec son sarcasme habituel répliqua sans même se retourner.
— Et alors, ils te tiendront compagnie !
— Attendez ! Je sais pourquoi il la cherche !
Cette fois les deux aventuriers se retournèrent, ils échangèrent un bref regard.
— Qui la cherche ? demanda Elwynn en croisant les bras.
— La gamine ! Je sais pourquoi l'humain nous a payé pour qu'on la lui livre, emmenez moi ne me laissez pas ici.
— Parle ! l'encouragea l'homme.

Le gobelin ouvrit la bouche mais ce fut un cri qui s'en échappa. Il s'affala face contre terre, le carreau d'une arbalète fiché entre les omoplates. D'un seul geste les deux humains dégainèrent leurs armes et scrutèrent les arbres. Le tireur était là, embusqué. Mais visiblement les aventuriers n'avaient rien à craindre de sa part. Ils eurent beau chercher, ils ne découvrirent personne et se retrouvaient au point de départ avec pour seul indice une direction. Qu'ils prirent, suivis du diablotin.

— Guizmo peut venir avec toi ? Demanda-t-il en tirant sur la jupe d'Elwynn.
— Je ne sais pas ca va être dangereux !
— Y'aura des morts ?
— Y'a des chances
— Guizmo sera sage.
— Qu'en penses-tu Arthur ? Lui au moins il saura me faire la conversation.

Ce fut donc à trois qu'ils continuèrent leur chemin vers la forêt Do'ros.
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MessageSujet: Re: Lopéïza : La quête de l'orbe    Lopéïza : La quête de l'orbe I_icon40Jeu 4 Juin 2015 - 9:10

Chapitre 4La forêt Do'ros

La forêt Do'ros était profonde, la plus vaste et la plus dangereuse de ce territoire mais avant même de l'atteindre, les difficultés se présentaient. Les arbres gigantesques donnaient le vertige, la flore se faisait aussi dangereuse que la faune. Progresser dans cette jungle demandait attention et précaution. Pourtant le trio était bien plus inquiet des révélations du gobelin. Qui était cet Okras, que voulait-il à un enfant ? Bien qu'attentif à ce qui l'entourait le guerrier ne pouvait s'empêcher de se poser la question. Pourquoi ? Il savait déjà que cette enfant n'était pas ordinaire. Cet Okras avait grassement payé toute une horde de gobelins pour la retrouver, ils avaient pillé et incendié un village entier. Pourquoi ? Surement pas pour une quelconque rançon. Il avait là dessous un mystère qui le dépassait et l'inquiétait grandement. Pourtant, il dut remettre ses réflexions à plus tard. En passant trop près d'une méduas, Guizmo se retrouva empêtré dans les lianes de la plante carnivore. Enserrant sa cheville puis agrippant l'ensemble de son corps elle l'attirait irrémédiablement vers les pétales écarlates suintantes de sucs acides. Le guerrier n'eut aucun mal à récupérer le diablotin. Les méduas étaient de petites tailles. Si elles pouvaient facilement digérer une créature comme Guizmo, elles ne résistaient pas à la force d'un homme.

— Guizmo vous sera éternellement reconnaissant ! affirma le diablotin avant qu'il ne le repose par terre.

Devant eux, Elwynn marchait vite tout en frissonnant tant l'air ambiant c'était refroidi. A tel point que quelques flocons commençaient à tomber. En passant derrière un arbre, la jeune femme fit la plus incroyable des découvertes : Le lac d'Esm entièrement gelé.
Cette étendue d'eau marquait la frontière entre les Terres Noires et Blanches. L'ultime barrière qui empêchait toutes créatures monstrueuses de venir sur le territoire des humains. Au-delà, la forêt Do'ros commençait vraiment. Mais le lac en lui-même était dangereux... D'ordinaire.

Alors qu'ils avançaient sur le lac gelé, ils purent contempler la bête d'Esm entièrement gelée, ses tentacules jaillissant de l'eau comme si elle avait été surprise par la glace en pleine action. Ce pode géant était une légende. Autrefois homme disait-on, puni par les dieux pour avoir eu une idylle avec la drémoria de Minas. Il était le gardien de ce lac, le défenseur du territoire des Terres Noires. L'ultime rempart qui empêchait humain ou créature de violer l'interdit. Mais apparemment quelqu'un était passé. Sur la fine couche de neige qui recouvrait la glace, on distinguait très nettement les traces de la petite fille ainsi que celle des gobelins la poursuivant avec des loups roses.

Mais ces chiens féroces étaient aveugles, se dirigeant qu'avec leur flaire. Or la neige n'a pas d'odeur. Elwynn et son compagnon arrivèrent dans une clairière où la horde semblait avoir perdu la trace de la petite fille. Ici la couche de neige était plus importante et avait masqué toutes les traces. L'enfant leur avait échappé. Les deux aventuriers assistèrent alors à une étrange scène dévoilant leurs ennemis.

— N'oubliez pas, morte elle ne vaut plus rien ! rappela celui qui semblait être leur chef.

Plus grand, plus fort que les autres et indubitablement différent. Un métis. Beaucoup plus dangereux que ses frères.

— C'est la faute à Vulzi, je l'ai vu ! s'écria soudain l'un des gobelins.
Outré son voisin se pointa du doigt.
— Quoi ?
— Exactement tu nous ralentis.
— Et mon poing dans ta gueule tu l'as vu ?
L'accusateur allait répliquer mais une violente gifle le réduisit au silence.
— Combien de fois je t'ai dit de te taire ?
Le métis avait parlé sans hausser le ton mais avec une telle froideur que le gobelin jeté à terre en tremblait. Il portait un étrange masque sur le visage, voilant son œil gauche. Hésitant le gobelin se releva en se massant la joue.
— Que fait-on maintenant qu'elle est loin ? Trois d'entre nous manquent à l'appel.
Le métis regarda autour de lui. Il n'y avait que neige et arbres. Son regard azure se posa sur le rocher derrière le quel Elwynn était cachée. Elle avait bâillonné le diablotin le tenant fermement pour l'empêcher de les trahir par inadvertance. Le chef de la horde sembla ne rien remarquer, il ordonna d'user de leur dernier atout.
— lâchez l'atronach.
— Lâchez l'atronach ! hurla le gobelin en écho, qui aussitôt reçut une seconde gifle.

Dissimulé derrière un arbre le guerrier croisa le regard de sa partenaire. Il la savait prête à agir immédiatement. Pourtant, ils devaient attendre encore. Les gobelins étaient leur seule chance de retrouver l'enfant.
Ceux-ci venaient de déballer une étrange pierre de grès rose à la forme vague d'une tête. Puis un gobelin aillant deux mains, un paria, un être difforme aux yeux de ses compagnons, avança vers la pierre et posa deux énormes rubis dans les orifices figurant les yeux. La pierre prit une tinte rouge plus soutenue et se mit à dégager une sorte de volute de gaz : Un golem de pierre. Une main géante de roche écarlate jaillit soudain du sol, elle attrapa l'infortuné gobelin difforme. Puis le corps du golem commença à émerger du sol.

— Écartez-vous, prévint le métis en reculant.
Le golem rouge posa son regard sur l'ensemble de la clairière, il voyait tout. Il voyait même Elwynn accroupie derrière son rocher. Mais seul le point lumineux de la petite fille au loin attira son attention.
Il avait trouvé son objectif. Avec un hurlement inhumain, le monstre de pierre s'extirpa complètement du sol et pressa le gobelin dans sa main jusqu'à ce qu'il éclate comme un fruit trop mûr. II en écrasa un second en posant le pied dans la neige, renversa les autres sur son passage. Il se dirigeait droit vers la forêt. Ignorant le métis qui en lançant une chaine venait de s'agripper à lui. Ignorant également Elwynn qui s'était élancée pour attraper le borgne, Guizmo accroché à sa jambe.
La créature magique traça son propre chemin, déracinant les arbres, écrasant tout sur son passage. Lorsque le guerrier occupé à relever les gobelins survivants se redressa, il s'aperçut qu'il était seul. Elwynn avait disparu. Il ne put s'empêcher de pester intérieurement contre l'intrépidité de la jeune femme. Maintenant, il devait retrouver deux filles au lieu d'une.
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MessageSujet: Re: Lopéïza : La quête de l'orbe    Lopéïza : La quête de l'orbe I_icon40Mer 17 Juin 2015 - 22:21

Chapitre 5

Le golem poursuivait sa route, imperturbable, détruisant tout sur son passage. Déracinant les arbres, écrasant les roches, laissant d'incroyables marques dans la fine couche de neige. Elwynn aurait dû s'étonner de cette neige. Ce n'était ni la saison, ni l'endroit approprié. Bien que cette forêt vierge entoure une imposante chaine montagneuse, il ne neigeait presque jamais. Et encore, il fallait attendre les rigueurs de l'hiver. Or on était en pleine saison chaude. Néanmoins, la jeune aventurière était bien plus préoccupée par son adversaire que par la météo capricieuse. Accrochée à sa cheville, elle se balança rapidement pour saisir une prise sur le dos du golem de pierre. Ce dernier, gigantesque, ne semblait pas perturbé par les deux créatures grimpant sur son échine. Les trois… Guizmo toujours accroché à la jambe de la guerrière tremblait de peur. C'était bien trop d'aventures pour lui, il était habitué à des journées bien plus calmes. Il commençait à regretter de les avoir suivis.
Elwynn attrapa une prise, se stabilisa et resta quelques secondes à reprendre son souffle avant de saisir le diablotin par la queue et le hisser dans un petit interstice suffisamment large pour qu'il puisse s'y asseoir. Guizmo s'y cramponna.

— Reste ici !
— Guizmo pas bouger! confirma-t-il en serrant son sac entre ses pattes, tandis que la jeune femme continuait sons ascension.

Elle était déterminée à rattraper le métis. Ce dernier déjà installé sur la large épaule du golem avait le regard fixé sur l'horizon. Il aperçut un mouvement derrière lui et eut juste le temps de se décaler avant qu'Elwynn, l'épée à la main ne l'abatte sur lui. Bien sur il l'avait sentie lorsqu'elle s'était agrippée à sa cheville néanmoins il ne la jugeait pas dangereuse, ce n'était qu'une humaine après tout. Pourtant lorsque la lame frôla son bras il révisa immédiatement son jugement. L'acier tapa la tête du golem. Précisément sur son œil droit. Le joyau écarlate se mit à luire et se fêla tandis que la créature de magie jusqu'à maintenant imperturbable, poussa un hurlement guttural qui aurait fait trembler d'effroi les plus braves. Il eut également un brusque mouvement qui déstabilisa les deux passagers clandestins. Le métis se retint à la tête du golem, se campant sur ses jambes pour ne pas tomber mais Elwynn plus au bord n'avait rien d'autre pour se retenir que le bout flottant de la capuche de son adversaire. Elle l'avait attrapé par reflexe. Cela ne l'empêcha pas de tomber mais elle entraina le métis dans sa chute.
Une dégringolade de cinq bons mètres, une chance la jeune femme atterrit dans des buissons épais qui amortir sa chute. Une fois stabilisée dans l'herbe, elle chercha à retrouver ses repères. Sa tête avait heurté une branche et elle se sentait encore un peu étourdie. Du regard, elle chercha son épée tombée un peu plus loin. Retrouver son adversaire, lui soutirer des informations, étaient devenus ses priorités, aussi elle s'enfonça dans la forêt. Il était surement tombé non loin d'elle, le tout était de le retrouver dans ce fouillis de fougères et de plantes géantes.

Écartant les larges feuilles d'une fougère, elle découvrit une petite clairière, comme il y en avait beaucoup dans la forêt Do'ros.
Il était là, immobile au milieu de la trouée, à demi tourné. Mais Elwynn en était persuadée, il avait perçu sa présence, car lentement, il tira les deux courtes lames incurvées de leurs fourreaux. La jeune femme n'attendit pas plus, avec un cri, elle se précipita vers lui, l'épée levée. Les armes s'entre choquèrent, un combat somme tout assez rapide.
La jeune femme fut surprise de sa force égale à celle d'un homme, soit bien plus qu'un gobelin. Il emprisonna la lame d'acier avec ses deux crochets et la dévia sur sa droite. L'aventurière ne résista pas, elle laissa la pointe de son épée se planter dans la terre meuble et s'appuya dessus pour frapper d'un coup de pied circulaire à la hauteur de son épaule. Le métis du en être surpris, au dernier moment il chercha à parer mais ses lames étaient déjà bloquées, il encaissa. Mal. Il dut reculer avant de percuter un tronc qui arrêta sa course.

— Pourquoi cherchez-vous la fillette ?
Elwynn tentait sa chance, elle voulait des réponses et ce demi-gobelin pouvait les lui donner. Elle vit nettement son œil droit se plisser. Mais impossible de deviner ses intentions avec ce masque.
— Ça ne te regarde pas humaine…

Il se releva lentement. A aucun moment, il ne se remit en garde, tandis que face à lui, Elwynn raffermissait sa prise sur la garde de son arme. Elle redoutait une attaque et pourtant rien dans l'attitude du métis ne les laissait présager. Au contraire, il semblait très détendu. Il prit même la peine d'épousseter ses loques sans arrêter de fixer la jeune femme de son œil valide. Ce bleu acier la transperçait. Elwynn devina un sourire malsain et chercha à passer à l'offensive mais aucun de ses muscles ne lui répondit.

— Mais ceci… continua le métis en rengainant ses armes.

Maintenant elle le voyait. La partie gauche de son visage recouverte d'un étrange masque possédait une petite pupille blanche qui soudain venait de s'agrandir. La jeune femme ne pouvait en détacher son regard, malgré tous ses efforts, elle ne parvenait pas à faire un mouvement et la panique commençait à prendre le dessus.
— Ton corps ne te répond plus, annonça sur un ton presque amusé le demi-gobelin.
Maintenant sur de sa victoire, son adversaire s'approcha. Il repoussa la lame encore menaçante sur le côté, tandis que sa main gauche comprima son cou. Encore une fois, Elwynn tenta l'impossible pour bouger mais elle était complètement paralysée et la merci de son adversaire. Il n'avait qu'à refermer la main pour l'étrangler et il lui fit remarquer avec sadisme.

— Il serait si facile de te tuer maintenant juste en serrant la main.
Et comme pour appuyer ses dires, ses doigts pressèrent sur sa trachée. Elwynn réprima un gémissement, l'air commençait à se faire rare.
— Mais avant je vais te confier un secret !

L'étreinte était plus forte encore, cherchait-il à prendre son temps ? Elwynn ne parvenait toujours pas à briser ce sort qui semblait la paralyser. Mais elle n'avait jamais rien compris à la magie. Et elle en était persuadée cela ne pouvait être que de la magie. Il s'approcha d'elle jusqu'à lui murmurer dans l'oreille.
— Il a expressément demandé de vous laisser en vie.
La jeune femme se rendit à ce moment compte qu'elle pouvait de nouveau bouger, mais la surprise l'en empêcha, de même que le coup de poing qui la cueillie au creux de l'estomac. La jeune femme étouffa un cri et s'effondra.
Elle resta un instant consciente, l'entendant s'éloigner sans pouvoir rien faire, puis elle sombra dans un puits sombre. Mais une question resta à son esprit : Qui ?


Guizmo lui était toujours accroché au golem, mais cette position peu confortable commençait à l'ennuyer beaucoup. Aussi, il chercha à descendre, mais ce fut une véritable catastrophe. Il glissa de sa prise et son pagne se coinça entre deux cristaux. Boqué la tête en bas, le petit diablotin avait beau tirer sur le tissu, il ne parvenait pas à se dégager.

— Guizmo veut descendre, suppliait-il s'adressant à sa tenue comme si cela pouvait l'aider.

Son salut vint d'une dague qui siffla à ses oreilles avant de se ficher dans la pierre, déchirant le tissu au passage. La petite créature fit une chute vertigineuse avant d'atterrir sain et sauf dans un épais buisson recouvert de neige. Hébété, le détrousseur cligna des yeux, chercha autour de lui avant de se rendre compte qu'il n'avait pas lâché son précieux sac.
Il le brandit alors avec fierté, sans s'inquiéter d'avoir par contre perdu le seul bout de tissu qui cachait son bas ventre.

— Guizmo pas perdu son sac, Guizmo sauvé !

Sauvé peut-être, mais empêtré dans l'épineux. La petite créature chercha en vain à se sortir de là mais ne parvenait qu'à s'y enfoncer un peu plus. Finalement la main salutaire gantée de gris l'attrapa entre ses petites cornes pour le tirer de ce mauvais pas. Le diablotin esquissa un sourire en découvrant le guerrier.

— Guizmo vous sera éternellement reconnaissant, encore.

L'homme sans nom et la créature reprirent le chemin suivant les traces du golem. Celui-ci avait trouvé sa proie.

En plein cœur de la forêt, une immense clairière abritait des regards les ruines de ce qui avait dû être un temple. La petite silhouette à la cape bleue s'avança prudemment entre le les deux colonnes de marbre gris qui marquaient l'entrer d'un sanctuaire dédié à Mana. Du temple, il ne restait presque rien à par la bouche béante d'une ancienne entrée et un autel où trônait encore une stèle. Personne n'aurait su dire ce que signifiait ce temple, mais la petite fille semblait parfaitement savoir où elle allait. Sans la moindre hésitation, elle avança vers la stèle et balaya de la main la neige la recouvrant pour dévoiler d'étranges symboles oubliés de tous. Ses doigts effleurèrent les reliefs lorsque soudain, un bruit infime la fit sursauter. L'enfant, se retourna vivement vers l'origine du bruit, puis prise d'un doute affreux se cacha derrière la stèle se faisait la plus petite possible. Mais même les ruines de se vieux temple ne pouvait dissimuler les effluves de mana qu'elle dégageait. Le golem Rouge, l'Atronach, créature de magie répondant à l'appelle du mana. Attiré irrémédiable par ce qui dégageait une puissance magique.
L'énorme main s'abattit sur les ruines, réduisit à néant le reste du portique de grès. Dans un vacarme digne d'une fin du monde. Il arracha la stèle pour dévoiler l'enfant cachée. De nouveau ses gros doigts de pierres s'enroulèrent autour de la capeline bleue, comprimèrent. Le bloc de glace vola en éclat laissant le tissu bleu retomber mollement sur le bras. L'enfant s'enfuyait déjà. Sans sa cape on pouvait maintenant voir des cheveux neige, une queue touffue tout aussi immaculée, de même que les grandes oreilles pointues. La course de l'enfant s'acheva brutalement contre le torse du guerrier. Sans poser la moindre question, il la fit passer derrière lui, avec Guizmo qui tremblait entre ses pieds. D'un geste, il dégagea sa lourde cape pour saisir la seule dague qui lui restait. La garde noire ornée d'un soleil jaune brilla sous le soleil. De même que l’armure rutilante qui couvrait l’intégralité de son bras gauche qui d’ailleurs arborait les mêmes motifs. Cette fois, il ne pourrait pas reculer. Il devrait affronter ce golem.
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MessageSujet: Re: Lopéïza : La quête de l'orbe    Lopéïza : La quête de l'orbe I_icon40Dim 21 Juin 2015 - 14:58

Chapitre 5
L'atronach

Elwynn se réveilla seule dans la forêt. Le soleil était encore haut. Combien de temps était-elle restée évanouie ? Et son compagnon ? La jeune femme se releva en gémissant, sur son ventre un énorme hématome s’était formé. Ce métis ne l’avait pas raté. Elle s’en voulait de s’être laissée prendre par son adversaire.

— Où t’es passé Albert ? murmura-elle en regardant aux alentours.

Il n’y avait que la forêt épaisse et le silence. Un silence assez étrange à vrai dire. Puis soudain, il y eut un hurlement guttural, suivi d’un énorme fracas. La jeune femme plissa les yeux dans cette direction.
— Tu es donc par là, j’peux pas te laisser seul deux minutes ! railla-t-elle dans le vide.

Elle ramassa son épée et marchant aussi vite que la douleur dans son ventre lui permettait, elle s’enfonça entre les arbres.


Le golem était une créature de magie qui n’avait que pour fonction de repérer le mana de ses cibles et la jeune fille en dégageait une telle quantité, qu’il était facile de la suivre à la trace. L’homme masqué en avait parfaitement conscience, il devait abattre ce monstre, fuir ne servirait à rien. Néanmoins la présence de Guizmo et de l’enfant l'handicapait sérieusement. Le diablotin était toujours accroché à sa jambe. De sa main libre, sans quitter le golem des yeux, il décrocha le diablotin et le confia à la jeune fille.
— Va te cacher, lui demanda-t-il doucement.
Elle approuva d’un signe de tête et se mit à courir vers la lisière des bois, aussitôt le golem réagit, la suivit du regard. Détourner son attention devenait une priorité.

Il n’aimait pas faire usage de ses pouvoirs et d’ordinaire, il dissimulait son mana. Pourtant cette fois, il allait lui être grandement utile. Il laissa libre son mana et aussitôt le golem focalisa son attention sur lui plutôt que sur l'enfant, puis sur la dizaine de silhouette d’ombre qui venait d’apparaitre partout dans la clairière. Toutes avaient la même apparence que le guerrier, la même attitude, mais elles étaient entière noires comme faite de ténèbres et ne bougeaient pas. Pris soudain d’une folie destructrice, le golem commença à abattre les silhouettes d’ombre de ses énormes poings. Elles disparaissaient aussitôt dans une volute de fumée noire opaque avant de se reformer plus loin. L’humain n’avait pas bouger, il tachait de trouver le point faible de ce monstre pour pouvoir l’abattre, m ais quand un des poings de roche faillit le toucher, il dut vivement se déporter. Le golem comprit que celui-ci était différant des ombres qu’il décimait. De nouveau son attention se focalisa sur le guerrier. Il poussa un nouveau hurlement qui fit trembler les ruines du temple.

Le guerrier en profita pour porter un premier coup, mais la lame bien que solide, effleura à peine la roche. Ce n’était surement pas comme cela qu’il arriverait à l’abattre. Il esquiva de nouveau un poing qui passa un pu trop près à son gout. En frappant le sol, celui-ci trembla si fort qu’il en perdit l’équilibre. Il se releva d’un bon pour se mettre hors de portée, quand il remarqua la lueur étrange qui émanait de son œil gauche, tandis que le droit semblait éteint. Il eut juste le temps d’apercevoir une fêlure sur le joyaux avant d’être de nouveau obligé de reculer. Le guerrier tendit la main gauche vivement vers la créature et un voile d’ombre se forma tout autour de sa tête. Un instant paniqué, le golem se redressa, tenta de chasser les ténèbres puis commença véritablement à s’agiter dans tous les sens. Une colonne entière fut brisé et les débris s’effondrèrent sur le guerrier, ce qui le força à reculer. Mais profitant que la créature de magie soit aveuglée par son sort, il sauta agilement sur le bras, courut avec aisance tout le long pour atteindre son épaule. Il allait atteindre sa cible quand le golem se tourna brusquement, ce qui le déséquilibra. Le guerrier se rattrapa de justesse et se laissa tomber au sol aussi souplement qu’un chat.
Ce fut à ce moment qu’Elwynn émergea d’entre les arbres, l’épée à la main. Elle le rejoignit en courant sans quitter des yeux le golem.
Les yeux ! hurla-t-elle pour couvrir le beuglement du monstre qui s’énervait de plus en plus contre le voile d’ombre qui le gênait.

Le guerrier se contenta d’approuver de la tête. Il se décala légèrement d’Elwynn tandis que son ombre grandissait anormalement. Lorsqu'elle atteignit le golem, elle se mua en un tentacule large d’un mètre qui s’enroula autour des pattes du monstre. Il fit geste vif de la main gauche, comme s’il tirait sur la corde et le golem s’effondra. Elwynn était prête, elle fonça vers la créature maintenant à terre. Elle allait abattre son épée sur l’œil tandis que la brume d’ombre se dissipait juste au bon moment pour qu'elle puisse viser. Ils étaient coordonnés comme ci cela faisait des années qu’ils luttaient ensemble. Et pourtant.

Malheureusement ce a ne fut pas suffisant. La jeune femme, avec sa blessure, était bien moins rapide que d’ordinaire et le golem parvint à l’attraper par le pied. Il la souleva au dessus de sa tête comme pour l’observer de près. L’humaine ne se lassa pas faire, sitôt que sa cible fut à sa portée elle frappa. Néanmoins sans parvenir à y mettre assez de force pour briser la pierre mais largement assez pour "blesser" le monstre qui poussa un nouveau hurlement en la lâchant. Elwynn atterrit rudement dans les bras de son coéquipier qui la reposa aussitôt au sol.
— Jolie vue ! ironisa-t-il en référence à sa jupe qui s’était complètement retournée.
Elwynn leva les yeux au ciel avant de répliquer avec un air faussement blasé.
— Comme si s’était la première fois que tu en profites !

Il ne put s’empêcher de sourire à son sens de la répartie. Ce n’était pourtant pas le moment de faire de l’humour. Le golem avait plaqué sa main, maintenant libre, sur son œil meurtri puis se redressa de toute sa hauteur, sembla les chercher du regard. Le guerrier de nouveau, laissa son mana apparaitre, pour attirer l'attention du golem. Elwynn en profita pour courir de l’autre côté du monstre. Elle grimpa agilement dans un arbre et attendit que le guerrier attire le monstre vers elle. L' l'atronach faillit la faire tomber quand il frappa son perchoir mais elle parvint à sauter sur son dos et glissa le long de la roche jusqu’à se rattraper au poignard toujours fiché dans son dos. Comme elle l’avait fait quelques minutes plus tôt, Elwynn escalada le monstre après avoir glissé le poignard dans sa ceinture. Elle se hissa jusqu’à sa tête et frappa de toute ses forces le joyau écarlate avec la dague. Il se brisa net.
Il n’y eut aucun hurlement. Le monstre se désagrégea en poussière d’un seul coup, privant la jeune femme de son appuie et de nouveau elle chuta dans le vide. Encore une fois ce fut le guerrier qui la rattrapa. Cette fois aucune plaisanterie, il fronçait les sourcils.
Elle le regarda longuement dans les yeux. Certes elle n'avait jamais vu son visage mais ses yeux d'ors pouvaient se montrer très expressifs.
— Oui je sais ! Je dois pas foncer tête baissée, mais on a pas autre chose à faire ? Ou sont la gamine et Guizmo ?

Elle avait horreur de cette façon qu’il avait de la regarder. Jamais il ne lui avait fait aucun reproche mais elle avait l’impression qu’il le pensait tellement fort, qu’elle pouvait l’entendre.
— Dans la forêt, cachés, répondit-il sans insister mais en fixant le ventre violacé de sa compagne. Les deux humains revinrent vers la clairière, le guerrier récupéra sa cape et rangea ses dagues dans leurs fourreaux tandis qu’Elwynn cherchait les traces de pas dans la neige qui commençait à fondre. Suivre les traces ne fut pas difficile. Ils débouchèrent rapidement dans une nouvelle clairière, beaucoup plus petite où le métis tenait l’enfant sans connaissance. À ses côtés, le vieil homme qui les avait engagés. Elwynn en resta figée de stupeur, ne comprenant plus rien, mais le guerrier avait déjà sortit ses armes. Il devina le diablotin au sol, entre les herbes, immobile et son sac à quelques pas de lui.

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