Vano Vaemone Plume Chevronnée
Messages : 151 Date d'inscription : 18/01/2015 Age : 32 Localisation : Chez mes ptits monstres <:
| Sujet: [Poésie] Bases et exemples de forme (simplifié) Sam 31 Jan 2015 - 13:36 | |
| Ce sujet a été fait par une personne tout à fait normale loin d'être une professionnelle. Je vous offre quelques petits rappels, pas un cours magistral. °^°" Le premier message sera édité souvent pour ajouter divers aides et autres formes de poème. (Note : la coupe, la césure et l'hémistiche, étant des notions très complexes, j'ai préféré les retirer x_x)Vocabulaire et notions de formeLe vers : pour une explication simple, le vers (de son étymologie latine versus, « sillon, ligne, vers ») est l'équivalent d'une ligne dans la prose. Attention, le mot ligne ne s'emploie pas en poésie. Dans son sens plus complexe et vaste, le vers est surtout défini par le mètre. Le mètre ou la métrique : c'est le nombre de syllabes dans un vers. La plupart des formes de poésie sont définies et exigent un certain nombre de syllabes dans chaque vers. Le mètre porte un nom particulier selon le nombre de syllabes. Par défaut on connaît surtout le heptasyllabe (sept syllabes), l'octosyllabe (huit syllabes), le décasyllabe (dix syllabes) et l'alexandrin (douze syllabes), mais il est également possible d'avoir moins de sept, neuf ou onze syllabes. La strophe : elle est un groupement organisé de vers. Les strophes sont généralement séparées par un saut de ligne espacé (alors que le vers se sépare par un simple saut de ligne). Comme le mètre, la strophe porte un nom particulier selon le nombre de vers. On connaît par défaut le tercet pour trois vers, le quatrain pour quatre vers et le huitain pour huit vers. Mais il est possible d'avoir une strophe d'un à quatorze vers. L'enjambement et le rejet : On parle d'enjambement quand un vers est coupé et doit se suivre au vers suivant pour rester correct de manière syntaxique. Le rejet permet de mettre en relief un mot ou groupe de mot en début de vers, qui a suivi un enjambement. (Il existe également ce qu'on appelle un contre-rejet, un mot mis en valeur mais en fin de vers) Exemple d'enjambement avec un rejet : « Et dès lors, je me suis baigné dans le poème De la mer, infusé d’astres et lactescent » Rimbaud – Le bateau ivre (vers 21-22) Vocabulaire et notions de sonoritéLa rime : la rime est ce qui relie deux fins de vers par le même son. Exemple : coeur et bonheur sont deux mots qui riment. Il existe trois dispositions de rimes : rimes croisées (de forme ABAB), rimes embrassées (de forme ABBA) ou rimes suivies (AABB). *développement sur la rime : -on parle de rime pauvre, suffisante ou riche selon si un, deux ou trois sons communs relient les deux mots qui riment. Heureux et lumineux sont des rimes pauvres (unique son : ø), périr et mourir sont des rimes suffisantes (deux sons : ʁ et iʁ), ensemble et ressemble sont des rimes riches (trois sons, s, ɑ̃ et bl) -les rimes sont qualifiées aussi par un genre. On parle de rime féminine quand il y a un e muet (ou caduc) et rime masculine c'est les autres. Assonance et allitération : l'assonance est la répétition d'un même son de voyelle, et l'allitération d'un son de consomme qui s'étend sur un ou plusieurs vers. Exemple d'allitération connue : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » Racine - Andromaque, Acte V scène 5. Liste non exhaustive de formes de poésie-Sonnets, deux types de forme principale*Sonnet de forme française : nombre de syllabes pour chaque vers : 10 ou 12. Deux quatrains suivis de deux tercets. Disposition des rimes : ABBA ABBA CCD EDE. *Sonnet de forme italienne : nombre de syllabes pour chaque vers : 10 ou 12. Deux quatrains suivis de deux tercets. Disposition des rimes : ABBA ABBA CCD EED. /!\ Un sonnet possède une immense variété dans ses structures, surtout au niveau de strophes et des rimes. Il est possible d'avoir des tercets mis avant les quatrains ou des rimes disposées de façon très différente des formes françaises et italiennes. Le Dormeur du Val d'Arthur Rimbaud en est l'exemple avec ses quatrains aux rimes croisées et ses sept rimes. - Spoiler:
Le dormeur du val - Arthur Rimbaud (1854-1891)
C'est un trou de verdure où chante une rivière, A Accrochant follement aux herbes des haillons B D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, A Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. B
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, C Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, D Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, C Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. D
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme E Sourirait un enfant malade, il fait un somme : E Nature, berce-le chaudement : il a froid. F
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; G Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, G Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. F -Pantoum : Suite de quatrains (de huit syllabes ou de dix syllabes, le même mètre est conservé dans tout le poème) où s'appliquent deux systèmes de reprises : le deuxième et le quatrième vers de chaque strophe sont repris respectivement comme premier et troisième vers de la strophe suivante, le tout dernier vers du poème reprend le premier. L'alternance des rimes masculines et féminines impose un nombre de quatrains pair. Le nombre de quatrains est illimité, mais doit être supérieur à six. - Spoiler:
Un des Pantouns malais de Leconte de Lisle (1818-1894)
Ô mornes yeux ! Lèvre pâlie ! J’ai dans l’âme un chagrin amer. Le vent bombe la voile emplie, L’écume argente au loin la mer.
J’ai dans l’âme un chagrin amer : Voici sa belle tête morte ! L’écume argente au loin la mer, Le praho rapide m’emporte.
Voici sa belle tête morte ! Je l’ai coupée avec mon kriss. Le praho rapide m’emporte En bondissant comme l’axis.
Je l’ai coupée avec mon kriss ; Elle saigne au mât qui la berce. En bondissant comme l’axis Le praho plonge ou se renverse.
Elle saigne au mât qui la berce ; Son dernier râle me poursuit. Le praho plonge ou se renverse, La mer blême asperge la nuit.
Son dernier râle me poursuit. Est-ce bien toi que j’ai tuée ? La mer blême asperge la nuit, L’éclair fend la noire nuée.
Est-ce bien toi que j’ai tuée ? C’était le destin, je t’aimais ! L’éclair fend la noire nuée, L’abîme s’ouvre pour jamais.
C’était le destin, je t’aimais ! Que je meure afin que j’oublie ! L’abîme s’ouvre pour jamais. Ô mornes yeux ! Lèvre pâlie ! /!\La particularité originale du pantoum réside dans son sens : il développe dans chaque strophe, tout au long du poème, deux idées différentes. La première idée, contenue dans les deux premiers vers de chaque strophe, est généralement extérieure et pittoresque. La deuxième idée, contenue dans les deux derniers vers de chaque strophe, est généralement intime et morale. -Acrostiche : cette forme poétique est composée de telle façon que la lecture verticale de la première lettre de chaque vers donne un mot, souvent le sujet de ce poème. - Spoiler:
François Villon (1431-1463) qui donne souvent son nom en signature :
Vivons en paix, exterminons discord ; Ieunes et vieux, soyons tous d'un accord : La loi le veut, l'apôtre le ramene Licitement en l'epître romaine ; Ordre nous faut, etat ou aucun port. Notons ces points ; ne laissons le vrai port Par offenser et prendre autrui demaine. (Ballade de bon conseil) -Villanelle : Poème constitué de cinq tercets et d'un quatrain final, construit en vers de sept syllabes avec seulement deux rimes a et b selon la formule suivante : A(1) b A(2) a b A(1) a b A(2) a b A(1) a b A(2) a b A(1) A(2) Les vers A(1) et A(2) reviennent en refrains alternés. - Spoiler:
Villanelle qui définit sa propre forme Boulmier illustre cette construction par Les Villanelles (1878)
Pour faire une villanelle Rime en ‘elle’ et rime en ‘in’ La méthode est simple et belle.
On dispose en kyrielle Cinq tercets, plus un quatrain, Pour faire une villanelle
Sur le premier vers en ‘elle’ Le second tercet prend fin; La méthode est simple et belle.
Le troisième vers, fidèle, Alterne comme refrain Pour faire une villanelle
La ronde ainsi s’entremêle; L’un, puis l’autre, va son train La méthode est simple et belle.
La dernière ritournelle Les voit se donner la main La méthode est simple et belle. Pour faire une villanelle. -Terza rima : Forme italienne particulière de poésie qui respectent trois règles : *La rime du premier vers et la rime du dernier n’ont que deux échos. La rime de tous les autres en a trois. *Le nombre de tercets n’est pas limité. *Le dernier vers est toujours isolé. Sa structure pour cinq tercets : ABA-BCB-CDC-DED-EFE-F - Spoiler:
Terza Rima de Charles Guinot (Fleurs d'oisiveté)
O mon cœur ! ô mon cœur ! pourquoi battre si vite, A Quelle angoisse te tord dans ma poitrine en feu, B Qu'as-tu donc, et d'où vient le trouble qui t'agite? A
Je souffre, apaise-toi, laisse-moi quelque peu, B Laisse mon âme en paix, dormir indifférente C À la vie, à la mort, à l'orage, au ciel bleu ! B
Heureux le bœuf couché, broutant l'herbe odorante, C Il ne se souvient plus du cruel aiguillon ; D Nul désir fou ne s'offre à sa pensée errante ! C
Mais plus heureux encor le léger papillon, D Qui court par les jardins de corolle en corolle, E Vagabond sans souci, brillant comme un rayon. D
Il aime chaque fleur, un moment, puis s'envole ; E Il trouve le repos dans l'instabilité ; F Si quelque rose meurt, une autre l'en console ! E
Mais qu'as-tu donc, enfin, pauvre cœur agité ? F -Rondeau : Forme poétique à trois structures composée de treize vers au total. On ajoute aussi deux refrains qui ne comptent pas pour un vers. La structure est quintil/tercet/quintil. Une variante de la forme quatrain/distique/quatrain se rencontre parfois. Dans les deux cas, le refrain, formé de l'hémistiche du tout premier vers, est donc répété à la fin de la deuxième et de la troisième strophe sans faire de rime avec les vers précédents. - Spoiler:
Auteur anonyme
Sans amour//comment peut-on vivre ? A Il nous enfièvre et vous enivre, A Le temps fuit comme sable en main ! B Que veut dire le mot : Demain ? B Est-ce vrai que la mort délivre ? A
Verrai-je Noël sous le givre ? A Ou bien devrai-je bientôt suivre A La Parque dans son noir chemin B Sans amour ? C
Le soir, quand le soleil se cuivre A Que dans sa splendeur, il se livre A Je vais, emportant mon bouquin… B Mais qu’il soit sévère ou coquin B Il n’est pour moi, pas de bon livre A Sans amour ! C -Rondel : Poème à forme fixe construit sur deux rimes et composé le plus souvent de treize vers en octosyllabiques répartis en trois strophes. Le refrain du rondel est formé de ses deux premiers vers, que l'on retrouve à la fin de la deuxième strophe, puis de son premier vers, que l'on retrouve à la fin de la troisième. Sa structure peut toutefois comporter des variantes : le refrain final se compose parfois d'un ou des deux premiers vers . Certains rondels sont en décasyllabiques. - Spoiler:
Le Printemps de Charles d'Orléans (1394-1465)
(1)Le temps a laissié son manteau A (2)De vent, de froidure et de pluye, B Et s’est vestu de brouderie, B De soleil luyant, cler et beau. A
Il n’y a beste, ne oyseau, A Qu’en son jargon ne chant ou crie : B (7)Le temps a laissié son manteau A (8 )De vent, de froidure et de pluye. B
Riviere, fontaine et ruisseau A Portent, en livrée jolie, B Gouttes d’argent et d’orfaverie, B Chascun s’abille de nouveau. A (13)Le temps a laissié son manteau. A -Triolet (ou rondel simple) : Poème à forme fixe composé de huit vers sur deux rimes et dans lequel les premier, quatrième et septième vers, ainsi que les deuxième et huitième vers, sont identiques. Le mètre d'un triolet est généralement octosyllabique. Il peut être composé de deux quatrains, ou bien d'un huitain que l'on appelle alors triolet continu. - Spoiler:
À Philis de Théodore de Banville (Les Cariatides, 1842) (1)Si j'étais le Zéphyr ailé, (2)J'irais mourir sur votre bouche. Ces voiles, j'en aurais la clé (4)Si j'étais le Zéphyr ailé. Près des seins pour qui je brûlai Je me glisserais dans la couche. (7)Si j'étais le Zéphyr ailé, (8 )J'irais mourir sur votre bouche. -Les ballades *Petite ballade : Composée de 3 huitains de vers de huit syllabes suivis d'un quatrain avec un envoi. Un envoi est une partie dans laquelle l'auteur s'adresse aux personnes à qui le poème est dédié et débute par une apostrophe. Disposition des rimes : ABABBCBC1(x 3)-BCBC1 C1 est la répétition du même vers (refrain). - Spoiler:
Ballade de s'amie bien belle
Amour, me voyant sans tristesse Et de le servir dégoûté, M'a dit que fisse une maîtresse, Et qu'il serait de mon côté. Après l'avoir bien écouté, J'en ai fait une à ma plaisance Et ne me suis point mécompté : C'est bien la plus belle de France.
Elle a un oeil riant, qui blesse Mon coeur tout plein de loyauté, Et parmi sa haute noblesse Mêle une douce privauté. Grand mal serait si cruauté Faisait en elle demeurance ; Car, quant à parler de beauté, C'est bien la plus belle de France.
De fuir son amour qui m'oppresse Je n'ai pouvoir ni volonté, Arrêté suis en cette presse Comme l'arbre en terre planté. S'ébahit-on si j'ai plenté* De peine, tourment et souffrance ? Pour moins on est bien tourmenté C'est bien la plus belle de France.
Prince d'amours, par ta bonté Si d'elle j'avais jouissance, Onc homme ne fut mieux monté C'est bien la plus belle de France.
Clément Marot (1496-1544) - L'adolescence clémentine *Grande ballade : Composée de trois dizains en décasyllabes et un quintil en décasyllabes et un envoi. Disposition des rimes : ABABBCCDCD1 (x 3) ; et dans l'envoi : CCDCD1. D1 est la répétition du même vers (refrain). - Spoiler:
L'épitaphe de Villon ou "Ballade des pendus"
Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : Quant à la chair, que trop avons nourrie, Elle est piéça dévorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s'en rie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n'en devez Avoir dédain, quoique fûmes occis Par justice. Toutefois, vous savez Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis. Excusez-nous, puisque sommes transis, Envers le fils de la Vierge Marie, Que sa grâce ne soit pour nous tarie, Nous préservant de l'infernale foudre. Nous sommes morts, âme ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés, Et le soleil desséchés et noircis. Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, Et arraché la barbe et les sourcils. Jamais nul temps nous ne sommes assis Puis çà, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charrie, Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie, Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie : A lui n'ayons que faire ne que soudre. Hommes, ici n'a point de moquerie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
François Villon - Poésies diverses Formes orientales de poésie-Haiku : courte poème japonais contenant 17 syllabes et sans rimes disposé de cette façon : 5,7,5 syllabes. Il est possible de faire des haikus en langue française. - Spoiler:
Un haiku connu de Bashō, l'un des maîtres du haiku
furuike ya kawazu tobikomu mizu no oto
(Dans la vieille mare, une grenouille saute, le bruit de l'eau.) -Tanka : Forme poétique plus ancienne que l'haiku. Composée de 31 syllabes disposées en deux parties. La première est un tercet de 5-7-5 syllabes et la seconde un distique de 7-7 syllabes. Le distique est généralement l'expression d'un sentiment et le tercet porte sur un objet concret mentionné dans le tercet. - Spoiler:
Tanka de l'Ono no Komachi (IXe siècle)
Triste et solitaire Je suis une herbe flottante A la racine coupée
Si un courant m'entraîne Je crois que je le suivrai
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